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Writer's picturePaul Mirande

Gendarme et voleur

La majeure partie des œuvres de fiction que j’écris est rédigée en néerlandais. Ceux qui visitent mon site en français ne sont pas les mêmes que ceux qui visitent mon site en néerlandais. Pourtant, l’auteur est un et indivisible. Je vais dès lors à m’atteler à un exercice périlleux : commenter les titres français en néerlandais et les titres néerlandais en français. Ce qu’on désigne en anglais par « lost in translation » a également lieu lorsqu’on passe du néerlandais au français et vice-versa.

Un exemple ? Le titre de ma nouvelle la plus récente, « Verlos » se réfère à trois choses différentes : comme jeu d’enfant, « verlos » est l’équivalent de gendarme-et-voleur ; dans la dernière phrase du Notre Père néerlandais, « Verlos ons van het kwade » signifie « Délivrance » puisqu’il est fait référence à la dernière phrase du Notre Père français : « Délivre-nous du mal ». Enfin, « Verlos » se réfère aussi au « Verlosser », lequel se dit « Sauveur » et « Rédempteur » en français. Résultat des courses ? Quand j’ai appelé ma nouvelle « Verlos », je me suis référé tant au jeu d’enfant, qu’à la dernière phrase du Notre Père et, pour finir, non seulement au Rédempteur mais aussi au pays qui a pris son nom : le Salvador. Comment ai-je agencé tout cela ? J’ai fait, d’entrée de jeu, référence à gendarme-et-voleur, à cause de l’insistance des deux protagonistes de ma nouvelle de libérer les autres. Quand ils étaient catholiques, leur obsession se portait moins sur la libération que sur la rédemption, laquelle rédemption renvoie au nom qu’a pris le Petit Poucet de l’Amérique, autrement dit le Salvador. En fin de compte, malgré leur participation à la geste « libératoire » (référence est faite, cette fois-ci, aux « Libertadors » Miranda, Bolivar et compagnie) au Salvador, ils seront à la fin de leur parcours confrontés au Bien et au Mal dans la personne de Miguel Angel, par ailleurs possiblement leur fils. Le sens de la nouvelle est compris dans sa première phrase : « Parfois, Mikio, j’ai l’impression que ces deux-là jouent déjà depuis plus de trente ans ce même jeu d’enfant. » Ils passeront ensuite de leur obsession de rédimer l’humanité à celle de libérer celle-ci, se retrouveront au Salvador, mais seront confrontés à ce vœu du Notre Père : « Délivre-nous du Mal. »

Dans l’autre sens, c’est-à-dire du français au néerlandais, un phénomène similaire a lieu : quand le fils d’un torréfacteur de café et celui d’un marchand de lait fondent un groupe musical appelé « Café-au-Lait », ce nom suscite en français tant le lait mélangé à du café qu’une couleur de la peau. Le terme « Café au Lait » existe en néerlandais. Si, en revanche, ils avaient appelé leur groupe « Koffie verkeerd », le terme néerlandais pour Lait russe, non seulement il n’aurait pas rendu le même sens, mais la référence à une couleur de peau – appelée aussi couleur cannelle – aurait été perdue.

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